LA INÉDITA DE SANTOS HERNÁNDEZ, 1935

UN TRÉSOR MUSICAL RETROUVÉ, DESTINÉ À ANDRÉS SEGOVIA

EN VENTE CHEZ BONHAMS CORNETTE DE SAINT CYR

Nous avons le plaisir d’annoncer la vente aux enchères en ligne de la légendaire guitare La Inédita du 19 au 28 mai 2025 à Paris, par la maison Bonhams Cornette de Saint Cyr, expertisée par Jérôme Casanova, luthier-expert consultant.  (Estimation : 125 000 – 185 000 €)

Réalisée à Madrid, en Espagne, en 1935 par le légendaire luthier Santos Hernández (1874-1943) spécialement pour Andrés Segovia, célèbre virtuose espagnol, cette guitare classique de concert a une histoire extraordinaire et est considérée à juste titre comme un chef-d’œuvre de lutherie. Par un concours de circonstance, cet instrument exceptionnel n’est jamais parvenu entre les mains de son commanditaire, et est resté ainsi des décennies durant comme un objet entouré de mystère. Aujourd’hui, ce trésor perdu resurgit grâce à son propriétaire, Paco Arango, qui souhaite reverser le profit de la vente à la Fundación Aladina.

Cette guitare condense les cinq facteurs qui en font un objet d’intérêt tout particulier : sa rareté, sa provenance, son état de conservation, sa dimension culturelle et ses qualités d’instrument de musique remarquable, qui lui sont propres.

PRÉSENTATION DE L'INSTRUMENT

Voici une exceptionnelle guitare classique de concert de Santos Hernández (1874-1943) dénommée La Inédita, faite à Madrid, Espagne, au millésime de 1935, dont elle porte l’étiquette originale collée à l’intérieur et sur le fond avec l’inscription suivante : Santos Hernandez | Luthier | Madrid | Aduana 27 | AÑO 1935. Réalisée pour le concertiste Andrés Segovia.

On retrouve également le tampon du luthier sur le talon du manche à l’intérieur de la caisse avec l’inscription SANTOS HERNANDEZ | ‘’LUTHIER’’ | Aduana, 23-MADRID ; ainsi que sa dédicace  inscrite à l’encre sous la table d’harmonie : Construida por | S Hernandez | Madrid 1935

La rosace, qui constitue quasiment une oeuvre d’art en elle-même, est composée d’une alternance de filets noirs et blancs, au centre desquels se trouve un motif en épis bleu et rouge cernant lui-même le motif principal en micro-marqueterie formant des triangles rouge, noir et bleu.

La table d’harmonie en épicéa est composée d’un barrage en éventail à cinq brins dont celui du centre se poursuit par deux taquets (originaux), l’ensemble est fermé en sa partie inférieure par deux brins diagonaux et surmonté d’une barre d’harmonie oblique ; manche et tête en cedro ; touche en ébène ; fond, éclisses, chevalet et placage de tête en palissandre de Rio ; plaquette de chevalet composée de filets en os, palissandre, et bois coloré ; vernis gomme-laque très fin ; la totalité du coffre de l’instrument est bordée de filets simples alternant bois clair et ébène et le joint de fond est orné d’un filet en bois clair ; mécaniques originales à platine gravée et ornée d’une lyre, à boutons de nacre.

On remarque – comme fréquemment sur les guitares de cette époque, en raison de variations hygrométriques – sur la table d’harmonie : sous le chevalet, deux fines gerces d’une longueur de quelques centimètres, ainsi qu’une fine fente entre le chevalet et la rosace le long de la barre d’harmonie centrale ; on relève également une micro-fente sur la table le long du bord de la touche côté basse ; et le rajout d’une toile de ~1 cm par 2 cm au niveau de la barre centrale. Quelques légères marques d’usage.

Espacement au sillet de tête : 51 mm / Diapason : 654 mm / Poids : 1444 g
Exceptionnel état d’origine et de conservation.

La guitare est présentée dans son étui d’origine portant étiquette Matilde Ruiz | Vda. De Santos Hernández | Instrumentos | Accesorios | Aduana, 23 – MADRID

Elle est accompagnée de son certificat d’authenticité réalisé par Jêrome Casanova.

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SANTOS & SEGOVIA - TOILE DE FOND DE LA INÉDITA

La relation qui lie Santos Hernández et Andrés Segovia est quasiment aussi vieille que la carrière de ces deux figures du paysage musical espagnol du début du XXème siècle : leur première rencontre remonte à 1912, lorsqu’un jeune Andrés Segovia (âgé alors de 19 ans) se rend dans les ateliers de Manuel Ramírez dans l’intention de louer un instrument en vue de ses prochaines représentations à Madrid. Le maître ordonne à un de ses meilleurs ouvriers de présenter au musicien un instrument récemment achevé – cet ouvrier est nul autre que Santos, et la guitare est le fruit de son travail.

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Santos Hernández Rodríguez (1874 - 1943)
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Andrés Segovia (1893 - 1987)

Destiné au musicien Antonio Jiménez Manjón, l’instrument présentait à l’origine une construction atypique avec 11 cordes spécialement requise par Manjón – or, devant la réticence du client à régler la facture, la guitare lui fut désaffectée et fit un retour à l’atelier afin de la convertir en modèle à 6 cordes. C’est à la suite de cette modification que la guitare est mise entre les mains de Segovia, qui tomba immédiatement sous son charme et, après des heures passées à parcourir son répertoire devant l’assistance réunie dans l’atelier, la fit sienne. Cette rencontre entre Segovia et la guitare de Santos est absolument fondatrice pour la carrière professionnelle bourgeonnante du concertiste, puisque c’est au bras de ce même instrument qu’il se produira dans ses premiers grands succès, notamment la représentation du 6 mai 1913 à l’Ateneo de Madrid.

Au fil des années suivantes, la relation entre les deux hommes se poursuit : Santos effectue l’entretien et le réglage en 1922 de la guitare construite chez Ramírez, appliquant au passage sa propre étiquette sur le fond de la guitare à côté de celle du maître madrilène ; puis en 1924, il confectionne un nouvel instrument pour Segovia, un instrument de substitution au cas où sa guitare principale se trouverait hors d’état ; nous n’avons pas de témoignage de leurs échanges entre la fin des années 20 et le début des années 30, cependant tout reprend en cette année 1935, durant laquelle Santos achève un nouvel instrument lui étant destiné. 

Entre temps Segovia, comme nombre d’artistes, fut tenté par les instruments d’autres luthiers, notamment ceux de Hermann Hauser I – qu’il met en concurrence avec Santos en chantant les louanges du luthier bavarois. Ces propos expliquent en grande partie la discorde qui éclate entre Segovia et Santos : l’ego du luthier sera à tel point meurtri par l’irrévérence de son client qu’il refusera de lui livrer la guitare fraîchement terminée ! Ainsi commence l’invraisemblable cheminement de cette nouvelle guitare qui, bien malgré elle, se trouvera écartée et conservée à l’abri des regards et des mains des guitaristes, participant à la postérité de celle que l’on nommera La Inédita 

Le témoignage d’époque le plus éloquent dont nous disposons au sujet de ce mystérieux instrument nous provient directement de Matilde Ruiz, épouse de Santos qui assurera la suite des affaires après la disparition de son mari en 1943. En effet, elle organise en 1945 à Madrid une exposition-hommage à ce dernier durant laquelle sont présentées dix guitares – parmi lesquelles, en septième position, une intitulée Inédita …. Concierto 1935. 

Dans un entretien paru le 1er mai 1945 dans le journal Dígame, Matilde Ruiz indiquera les choses suivantes : « C’est une guitare que personne n’a encore vue […] Elle a toujours été dans une boîte avec de la sciure de liège. Mon mari l’a mise là après l’avoir construite […] Il l’avait faite pour un guitariste de renommée mondiale, puis il l’a enfermée dans la boîte ». Propos complétés plus loin par le journaliste de Dígame : « […] quelqu’un nous a parlé de ce [guitariste] et nous a dit que ses déclarations en faveur d’un luthier de Hambourg, Hauser, ont motivé la réclusion de la guitare Inédita de Santos […] comme marque de contrariété par rapport à ses déclarations ».

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Article du 1er mai 1945 sur l'exposition hommage à Santos
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Extrait du catalogue de l'exposition hommage à Santos
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La Inédita lors de l'exposition hommage à Santos Hernández - Martín Santos Yubero / ARCM

Et quel mauvais sort fait à cet instrument pourtant si prometteur, élaboré spécialement par le maestro guitarrero à l’intention d’un concertiste du calibre de Segovia. Il faut bien considérer qu’en 1935, Santos est au sommet de son art et comme tout luthier, il a pour but de produire avec chaque guitare un instrument surpassant le précédent – bien qu’après des décennies passées à l’ouvrage, cette volonté de surpassement se traduit concrètement par la mise en oeuvre sous diverses itérations du talent de Santos, si bien qu’on peut considérer que malgré leurs différences toutes ses guitares se valent. En particulier, son modèle de concert condense absolument tout son savoir-faire afin d’obtenir un outil d’une grande précision et d’une grande sensibilité à l’usage de musiciens et musiciennes particulièrement exigeants. Qu’il s’agisse du choix des matériaux, de l’esthétique visible mais aussi de l’architecture interne déterminant le type de sonorité, tous ces éléments traduisent la maîtrise totale d’une lutherie d’exception.

On peut en cela dresser un parallèle avec les violons de Crémone et leurs illustres luthiers : si on utilise aujourd’hui encore ces instruments plusieurs siècles après leur fabrication, c’est parce qu’ils sont les parfaits compléments permettant toute l’expression des plus grands musiciens dans leur interprétation du répertoire, de l’époque baroque jusqu’à nos jours – preuve s’il en fallait que ces grands violons sont dépourvus d’obsolescence. Il en va précisément de même pour les guitares de Santos, éminemment pertinentes en leur temps et qui ont su traduire la volonté d’expression musicale pure d’artistes tels que Segovia. La Inédita en est le témoignage : un instrument d’une grande modernité.

La guitare fut finalement vendue dans la seconde moitié des années 70 par Esperanza Ruiz, nièce de Santos Hernández et de Matilde Ruiz, à Placido Arango Arias – homme d’affaires hispano-mexicain, collectionneur d’art, mécène et président du patronage au Musée du Prado – dans des circonstances également atypiques. En grand connaisseur d’art, Arango comprit l’importance de l’oeuvre de Santos et la place centrale qu’y occupait la Inédita. Il fut informé de l’existence de cette guitare par son ami, conseiller artistique et galeriste Fernando Guereta. Or, la transaction n’était pas acquise puisque la famille souhaitait initialement conserver la guitare. Ce n’est qu’au terme d’une âpre négociation qu’Esperanza Ruiz en concéda enfin la vente – après avoir exigé de l’acheteur une somme mirobolante d’un million de pesetas en pensant se voir opposer un refus, mais contre toute attente il accepta ses conditions pour l’acquisition de ce joyau historique. La Inédita fut conservée jusqu’à ce jour par le fils de l’acheteur, Paco Arango, qui décide aujourd’hui de s’en séparer lors d’une vente publique organisée par Bonhams Cornette de Saint Cyr, dont l’ensemble des profits seront reversés à l’association caritative Fundación Aladina soutenant les enfants luttant contre le cancer et dont Paco Arango est le fondateur.

HISTOIRE DE SANTOS HERNÁNDEZ ET DE SES GUITARES

Le nom de Santos Hernández Rordíguez (1874-1943) trône parmi les plus grands du panthéon de la guitare classique espagnole, aux côtés de celui de Antonio de Torres (1817-1892) ou de Manuel Ramírez (1864-1916), et pour cause : ses contributions au développement de l’instrument au début du XXème siècle sont incommensurables, si bien que son travail de lutherie discrète et raffiné aura été copié et imité aussi bien par ses contemporains que par toutes les générations de luthiers venues après lui.

Né en 1874, Santos Hernández fait une entrée précoce dans le monde de la lutherie : selon différentes sources, il est introduit dès ses 12 ans à l’atelier de Valentín Viudes (c.1863), un artisan proche de sa famille, chez qui il restera en tant qu’apprenti jusqu’au début de la décennie suivante. Autour de ses 25 ans, après son service militaire, il est recruté par Manuel Ramírez (frère cadet de José Ramirez), l’un des plus éminents luthiers du début du siècle dernier qui s’inscrit lui-même dans la directe lignée d’Antonio de Torres, des instruments duquel il produit des fac-similé qui sont les premier du genre. C’est aux côtés de Manuel Ramírez que Santos verra son talent s’épanouir, devenant l’un des ouvriers les plus fidèles du maître madrilène qui l’érigera au rang de chef d’atelier.

Les instruments qu’il produit durant cette période jouissent d’une grande réputation, et rentrent même dans la légende de la guitare espagnole puisque l’un d’entre eux, produit au millésime de 1912, sera adopté par Andrés Segovia (1893-1987), encore jeune à l’époque mais dont la renommé ne devait tarder à prendre son essor. C’est ce même instrument qui a été entretenu par Hermann Hauser I (1882-1952) lors d’un passage de Segovia en Allemagne, permettant à cette occasion au luthier bavarois de l’étudier en détail et de prendre la mesure du travail de son homologue espagnol – et ainsi, en intégrant certains des éléments relevés à ses propres guitares, de contribuer à la diffusion du style de Santos Hernández au delà de l’Espagne.

En 1921, quelques années après le décès de Manuel Ramírez, Hernández s’établit en nom propre à l’adresse d’Aduana 27 à Madrid (la numérotation de la rue sera par la suite modifiée, si bien que des étiquettes ultérieures apparaîtront marquées du numéro 23). Fort d’une trentaine d’années d’expérience dont la majorité passées chez M. Ramírez, il poursuit alors la construction d’instruments haut-de-gamme jusqu’à ses derniers jours en 1943. D’après l’étude de ses registres d’atelier, on estime que sa production s’élève en moyenne à une vingtaine d’instruments par an comprenant majoritairement les guitares flamenca en cyprès, et les guitares de concert en palissandre produites à raison d’une petite dizaine. Construite en 1935, la Inédita fait partie de ces modèles de grade supérieur : elle est constituée de matériaux de choix dont le palissandre de Rio pour le fond et les éclisses, cette essence de bois importée impliquant nécessairement un coût important pour l’instrument fini. On note également une construction de tête à mécaniques, un autre élément onéreux puisqu’il engage le travail d’un artisan spécialisé autre que le luthier – à la différence d’instruments à tête à chevilles en bois.

Outre son lien notoire avec Andres Segovia, Santos a vu ses guitares jouées et portées à leurs sommets par les plus illustres et talentueux instrumentistes de son époque : tant dans le registre classique avec Regino Sainz de la Maza (1896-1981), interprète du célèbre Concierto de Aranjuez qu’il présente à Barcelone en 1940 pour la première fois avec une guitare de Santos baptisée La Rubia ; que dans le registre flamenco avec Ramón Montoya (1880-1949), fondateur de la technique flamenca moderne dont il posera notamment les fondations dans un opus enregistré en 1936 à l’aide d’une autre guitare de Santos, La Leona (construite du temps où il oeuvrait pour Ramirez). Citons enfin la famille Romero, grands amateurs également des guitares de Santos et qui auront assuré sa popularité en Amérique, témoignant de leur portée internationale.

À travers ces artistes et bien d’autres encore, il est indéniable que les guitares de Santos ont laissé une marque indélébile dans le paysage musical espagnol du XXème siècle, et en ce sens elles sont pratiquement indissociables du son de cette musique telle qu’on la connait à travers les enregistrements d’époque et telle qu’elle est pratiquée encore de nos jours, témoignant de la grande modernité de Santos déjà en son temps et de la persistence de son oeuvre à travers les décennies. Il peut en être dit tout autant concernant la formalisation des attributs visuels et des cotes de la guitare espagnole : le style des rosaces, finement exécutées, et la forme générale de l’instrument (dimensions, barrage…) sont tout autant d’attributs que nous accordons de façon évidente à la guitare espagnole contemporaine et qui peuvent en grande partie être retracés au travail du maestro guitarrero.

Les guitares de Santos sont devenues de véritables objets de patrimoine et de culte suscitant la fascination et la convoitise de tous ceux qui se sont intéressés à la question – nombre d’entre elles sont à ce titre conservées dans les plus grands musées et collections privées au monde. On peut entre autres citer la fameuse guitare de 1912 jouée par Andrés Segovia, désormais conservée au Metropolitan Museum à New York ; un sublime modèle flamenca au millésime de 1931 faisant partie de la collection du Musée de la Musique à Paris ; la guitare personnelle de Santos connue sous le nom de El Bombón, construite au millésime de 1903, longtemps gardée par les descendants du luthier et désormais au sein d’une grande collection américaine ; une autre guitare étant également restée des décennies auprès de la famille se trouve aujourd’hui dans une collection privée au Japon, réputée comme possédant l’une des plus belles rosaces de Santos en motifs d’oeillets lui ayant valu le surnom La Clavelitos. Et toutes celles possédées et jouées par nombre de musiciens et musiciennes…

Parmi ce tableau de premier choix, la Inedita fait figure d’exception : malgré le riche récit qui entoure sa genèse et son histoire, c’est l’un des rares modèles de Santos à avoir aussi longtemps résidé dans le mystère et la légende, et dont la postérité demeurait plus qu’incertaine. Sa réapparition dernière vient conclure un roman long de 90 ans, donnant par la même occasion à voir l’oeuvre de Santos poussée à son ultime intensité – ou comme le formulait Regino Sainz de la Maza qui est l’un des rares à s’être exercé sur cet instrument en 1945 : « la Inédita constitue le point culminant du merveilleux talent de Santos et c’est le meilleur instrument de ce type connu à ce jour ».

LA FONDATION ALADINA

Au-delà de la redécouverte d’un instrument historique, la vente de l’Inédita prend une dimension profondément significative : cette guitare d’exception sera proposée lors d’une vente aux enchères caritative, dont l’intégralité des bénéfices sera reversée au projet Casa Aladina de la Fondation Aladina. Dédiée à l’amélioration de la vie des enfants et des adolescents luttant contre le cancer, Casa Aladina fournit un soutien émotionnel, psychologique et matériel aux jeunes patients et à leurs familles dans les hôpitaux à travers l’Espagne.

Bibliographie

Alberto Martinez, Santos Hernandez – 1874-1943 – Maestro guitarrero
Sinier de Ridder / Jérôme Casanova, La guitare espagnole – 1750-1950
José L. Romanillos / Marian Harris Winspear, The Vihuela de Mano and the Spanish Guitar
Sheldon Urlik, A Collection of Fine Spanish Guitars from Torres to the Present
Stefano Grondona / Luca Waldner, La Chitarra di Liuteria – Masterpieces of Guitar Making
Brian Whitehouse, The Ramirez Collection – History and Romance of the Spanish Guitar
S.I.E. CO.,Ltd., Guitar Collection in Japan – 26 Classical Guitars 1831-1999
Museo Municipal Madrid, La Guitarra Española – The Spanish Guitar

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