Guitare Ténor

Marque
Marque
Pas d'instruments trouvés

LA GUITARE TÉNOR

À son origine, Gibson est avant toute chose un facteur de mandolines, de banjos, puis enfin de guitares. Tout du moins, celles qui furent conçues et fabriquées depuis 1894 jusqu’au début des années vingt sont à considérer comme des instruments d’accompagnement des orchestres de mandolines. Seulement voilà, tout passe, tout lasse et la mode aux États-Unis de la mandoline et du banjo finit par perdre de la vitesse face à l’hégémonie soudaine de la guitare à la fin des années vingt. Nombre d’instrumentistes n’ont alors guère le choix que de se conformer à l’engouement de cet instrument au son en vogue. Certains, pétris de leurs habitudes et leur dextérité sur leur instrument accordé en quinte, refusent cependant de se convertir aux quartes émaillées d’une tierce de la guitare pour continuer à travailler sereinement.

Ainsi, si l’on excepte de rares guitares à quatre cordes européennes du milieu du XIXe siècle, la guitare ténor accordée comme un banjo ténor avec les mêmes intervalles que la mandoline est née aux Amériques dans les années vingt. Il suffisait d’y penser.

Toutes les grandes compagnies vont payer leur tribut à cette petite guitare atypique à l’avenir que l’histoire jugera – effectivement – incertain. Gibson, National, Martin, Epiphone, Gretsch, Guild, Fender, les modestes mais foisonnantes productions industrielles Harmony, Stella, Regal, et même le mythique luthier new-yorkais John D’Angelico, tous se prêtent à l’exercice et ce jusqu’en France avec la maison Selmer sous l’égide de Mario Maccaferri (1900-1993).

Si l’on devait retenir quelques noms de musiciens de renom qui ont porté haut les couleurs de la guitare ténor, on citera ceux de Roy Smeck (1900-1994), multi-instrumentiste de génie, d’Eddie Condon (1905-1973) en chef d’orchestre dixieland, d’Eddy Freeman (1909-1937) sur Selmer, de Tiny Grimes (1916-1989) en jazz électrique, de Nick Reynolds (1933-2008) sur Martin dans le style folk au sein du Kingston Trio, et plus récemment même dans les mains d’un Elvis Costello (1977). On ajoutera à cette liste non-exhaustive le nom de Lucien Belliard (1903-1960) – notre Roy Smeck français ! -, un des « As du Musette » qui maitrisait parfaitement cet instrument et dont l’une des guitares consistait en un manche de banjo ténor Chevin monté sur une caisse dont le nom du facteur s’est évaporé, un peu comme la pratique de cet instrument, du reste un brin fantaisiste. Le redécouvrir est une chose aussi plaisante que d’explorer de nouveaux accordages, c’est très énergisant pour la créativité guitaristique et musicale !

Retour vers le haut