Européenne

LA MANDOLINE EUROPÉENNE

Napolitaine, Romaine, Vénitienne, la mandoline est avant tout une italienne. Le célèbre air de la « Sérénade » du Don Juan de W. A. Mozart (1756-1791) en fait foi ! C’est au XVIIIe siècle que cet instrument, issu d’une longue lignée de cordophones à cordes pincées, va connaître son apogée. 

La science des instruments de musique, l’organologie, la décrit comme un luth à manche court et à caisse piriforme, à cordes doublées en quatre chœurs accordés en quinte se jouant le plus souvent au plectre (au médiator). En d’autres termes, une charmante demi-poire aux sons un tantinet aigus et frétillants !

Antonio Vivaldi (1678-1741) écrivit un concerto fabuleux en Ré Majeur, tandis que le diable en personne Niccolo Paganini (1782-1840), lui, écrira une « Sonata Concertata » plus musicale que beaucoup de ses brûlots virtuoses. Enfin, tous les Luciano Pavarotti (1935-2007) qui jouaient pour leur « bella ragazza » sous des balcons italiens firent le reste. Le nom à retenir pour briller dans les salons de mandolinistes est celui du luthier italien d’origine austro-hongroise et installé à Rome Luigi Embergher (1856-1943). Ses instruments sont le mètre étalon de la facture de la mandoline classique moderne. Pour preuve, Maria Feodorovna, la Reine mère du Tsar de toute la Russie Nicholas II, jouait sur un modèle luxueux incrusté de toutes sortes de merveilles dont raffolent les princesses douairières.

Les orchestres de mandoline furent très en vogue dans le dernier tiers du XIXe siècle jusque dans les années cinquante en Europe, notamment en Italie – bien évidemment – mais aussi en Espagne, au Portugal et en France, puis aussi aux États-Unis. C’est là que la mandoline italienne traditionnelle connaîtra une mutation complète pour s’adapter à de nouveaux répertoires. Elle avait d’ores et déjà connu en Europe des modèles à caisse de résonance plate, d’une lutherie plus simple, s’adressant au répertoire folklorique des pays sus-cités. Ainsi, en France, les luthiers Jacobacci pères et fils ont fabriqué bon nombre de ces petites mandolines plates destinées aux sérénades et autres accompagnements des musiques dites « typiques ». On la retrouve parfois même jusque dans le musette, quand elle s’évade du répertoire corse qu’elle affectionne aussi particulièrement.

Aujourd’hui, la mandoline classique demeure encore très populaire au Japon, mais son emploi déborde encore peu ce riche et beau répertoire de par le monde. C’est un instrument à redécouvrir pour la sensibilité de ses charmes latins et méditerranéens.

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