Une superbe Gibson J-50 de 1952, en très bel état d’origine et de conservation.
Voici un modèle qu’on ne croise pas tous les jours – équivalente à la légendaire J-45, les deux guitares sont structurellement identiques à l’exception d’un élément esthétique de taille : la finition naturelle sur la table de la J-50 contre la finition sunburst de la J-45. Cette différence justifiait pour Gibson l’établissement d’un modèle distinct, moyennant bien sûr un somme légèrement plus élevée pour pouvoir apprécier la qualité du choix de l’épicéa de la table dans toute sa splendeur !
La J-50 voit le jour en 1942, en même temps que deux autres nouveaux modèles (la J-45 et la LG-2) introduits par Gibson pour tenter de survivre aux grands coups de boutoir infligés par les restrictions de temps de guerre. De fait, aussi bien la main d’œuvre que les matériaux (essences de bois exotiques dont l’acajou et le palissandre, parties métalliques dont les truss-rods ou les mécaniques, électronique…) venaient à manquer puisque réquisitionnés par le gouvernement américain. Gibson s’était ainsi vue contrainte de retirer de la production quasiment tous les modèles électriques, les banjos, et les modèles acoustiques les plus onéreux dont la J-55, la SJ-100 et la SJ-200, réduisant l’offre en guitares flat-top à cinq modèles en 1942 : L-00, LG-2, Southern Jumbo, J-45 et J-50. Or, les fournitures d’épicéa permettant de réaliser les tables d’harmonie en deux parties symétriques commencèrent également à faire défaut, obligeant les luthiers à jointer deux pièces dépareillées ou quatre pièces plus petites. La finition naturelle ne permettant pas de masquer ces assemblages peu flatteurs, Gibson cessera de produire la J-50 quasiment aussitôt qu’elle a été introduite et ne se concentrera plus que sur les deux autres modèles Jumbo à la finition Sunburst – réduisant par la même occasion la diversité des tâches à réaliser par les vernisseurs. Ainsi, seulement 144 J-50 Banner sont produites pendant la guerre, vendues entre 1942 et 1943, et le modèle ne refera son apparition qu’à la fin de la guerre.
Le modèle présenté ici est en somme identique aux J-50 de la fin des années 40, la seule différence notable étant le style du chevalet dit reverse belly bridge, qui vient remplacer le chevalet rectangulaire traditionnel pour offrir un peu plus de résistance à la table et freiner sa déformation sous la tension des cordes. Dotée d’une voix puissante et assurée avec une teneur en basses fréquences particulièrement flatteuse, la J-50 (tout comme son modèle soeur) a de tous temps tenu la faveur des musiciens de bluegrass, à l’instar de Doc Watson, et de blues – même un jeune Bob Dylan, dont l’un des premiers instruments connus était justement une J-50… Cette guitare a de toute évidence été beaucoup jouée, portant les marques d’innombrables heures de jeu, et en dépit de quelques restaurations stables à ce jour elle nous parvient en très bel état de conservation, complète avec tous ses éléments d’origine dont son pickguard teardrop, son chevalet en palissandre… Nous relevons seulement une modification du vernis sur le fond de l’instrument. Cet instrument est un habitué de notre atelier, où nous avons procédé à son refrettage, son réglage complet et à la confection d’un nouveau jeu de sillets en os. Montée en cordes, prête à jouer !
Vendue dans un étui Boblen à la forme.